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Je suis Youen Chéné, fondateur de Webvert, contributeur à Boavizta, advisor au Bear Studio, 10ans+ bénévole à Codeurs en Seine.

Ici, je parle Web, Sobriété Numérique, Programmation, Entreprenariat, Domotique et Rétrogaming (Amiga).

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Voyage au pays du HCNE

📢 Il y a 2 semaines a eu lieu à Bercy la remise du rapport du 2ème HCNE (Haut Comité au Numérique Coresponsable) dans le cadre de l’article 301 de la Loi Climat et Résilience ! J’y ai participé dans la continuité de ma nouvelle aventure : Webvert.

Il était composé de plusieurs groupes de travail (GT). C’est une approche pour permettre d’obtenir des leviers actionnables venant du terrain et actionnable par les industriels. Avec Boavizta en tant qu’organisation inter-professionnelle, nous avons participé aux différents groupes de travail/GT.

  • GT1 : les terminaux
  • GT2 : les datacenter (et donc le cloud)
  • GT3 : l’écoconception logiciel et les usages
  • GT4 : le réseau
  • GT5: le numérique pour décarboner les autres secteurs

Chacun de ses groupes de travail était animé par des représentants de l’industrie du secteur (exemple : France Data Center pour le GT2, Numeum (ex-Syntec représentant les SSII/ESN et les éditeurs) et le Cigref (représentant les DSI) pour le GT3).

Virginie Royer(Numeum) en train de présenter le Groupe de Travail 3 devant une assemblée comprenant Agnès Pannier-Runacher et Jean-Noël Barrot.

Virginie Royer(Numeum) en train de présenter le Groupe de Travail 3 devant une assemblée comprenant Agnès Pannier-Runacher et Jean-Noël Barrot.

Les travaux se sont déroulés en 3 phases :

📓1ère partie - Les ateliers - Décembre 2022 / Mars 2023:

  • Visio entre lesquelles nous pouvions proposer des fiches leviers.

  • Côté GT3, ce sont surtout des échanges entre des représentants des DSI et de groupes interprofessionnels qui allaient globalement dans le même sens. Les lobbyistes étaient assez discrets (Netflix, Google et Méta).

  • À noter que le forçage de Microsoft sur Windows 11 obligeant à renouveler une partie du parc n’est pas du tout passé économiquement (et donc en impact de fabrication) auprès des DSI.

  • À la fin de cette première partie, il y a eu une consultation des académiques (comprendre les chercheurs). Sans doute un peu tard, surtout quand on connait des personnes comme Benjamin Ninassi qui ont pas mal de recul sur les effets rebonds.

  • Selon les GT, il y a eu des évaluations des impacts possibles de chaque levier. Côté GT3, j’ai proposé une évaluation sur l’impact des terminaux renouvelés pour cause d’incompatibilité ou de lenteur logicielle. Elle a été supprimée pour une raison inconnue 🤷🏻‍♂️.

Pour information, 30% des mobiles sortent de stocks au bout de 3 ans (moitié pour cause d’incompatibilité et moitié pour cause performance). Source de l’estimation des impact. Le plus étonnant est que cela monte déjà à 10-15% au bout d’un an.

📓2ème partie - La période de flou - Décembre

Fin mars, début avril, une partie des leviers a été sélectionnée selon un mode de décision absolument pas transparent (et j’ai posé la question au téléphone, c’est assumé en tant que tel 🤷🏻‍♂️). Et, seulement par la suite, on allait faire les évaluations d’impact de ces leviers.

Dans le GT3, quand j’ai fait la remarque qu’il aurait été plus cohérent/intelligent/de bon sens de faire d’abord l’évaluation puis, après, la sélection, on m’a répondu que c’était comme cela. 🤷🏻‍♂️

C’est sans doute la partie où les travaux de l’ombre avec les lobbyistes devaient être importants. Nous n’avions plus aucun atelier.

Mi-mai quand on m’a demandé si on souhaitait que notre nom apparaisse sur les travaux, j’ai déclaré que non, pas pour moi au vu : du manque de transparence dans les décisions, la non-utilisation des impacts pour la sélection et l’aspect surfacique des travaux dans le GT3 (comme j’ai dit, cela aurait valu un 4/20 quand j’étais en prépa scientifique et en école d’ingénieur).

📓3ème partie - La restitution - 4 Juillet 2023 :

J’étais dans les deux invités côté Boavizta à la restitution à Bercy. Zéro attente à part celle de voir en vrai les personnes avec qui j’avais collaboré à distance pendant ces quelques mois.

J’en profite pour citer les contributeurs côté Boavizta et qui ont donné bénévolement de leur temps (GT1: Gillo Malpart; GT2 : Romain Lorenzini, Benoit Petit, Eric Fourboul; GT3: Valentine Roux, Julien Rouzé, Sébastien Solère, Benjamin Ninassi; GT4: Gregory Cauchie, David Allions; GT5: Gillo Malpart, Arnaud Gueguen), ainsi que les bénévoles du Shift Project.

Et là, surprise au début de la restitution, à la lecture du double A4, 3 des leviers que j’avais pré-rédigés et poussés sont présents :

  • Promouvoir et mettre en œuvre les référentiels d’écoconception des services numériques.
  • Inviter les fournisseurs de services de cloud computing à fournir des données d’impact à la bonne granularité.
  • Assurer dans le temps un support aux applications et aux logiciels.

À noter que ce sont des leviers d’optimisation veillant à limiter les effets rebonds par rapport à la conception et l’usage actuel du logiciel. Dans un monde où il est moins cher de demander plus de machines virtuelles que de payer des développeurs et développeuses à optimiser le logiciel, je pense sincèrement qu’il y a un gain assez conséquent à aller chercher.

La synthèse

Le rapport complet

Cela veut dire qu’il y a eu un retour en arrière et que la pré-sélection des sujets de début avril a été supprimée et que l’on est revenu aux résultats des ateliers à fin mars. Cela a l’avantage d’être plus consensuel et l’inconvénient d’être moins focalisé sur les leviers à plus fort impact. Surtout d’un point de vue méthodologique, c’est beaucoup moins critiquable.

Mais, l’histoire ne se termine pas ici. À la fin, je demande à un de mes voisins de droite pourquoi il a entouré et mis des points d’exclamation autour du levier « Assurer dans le temps un support aux applications et aux logiciels. ». En fait, c’était un lobbyiste de chez Microsoft qui me soulignait que ce n’était pas simple et que cela avait un coût important. Je lui ai répondu que justement le levier du support logiciel sur l’impact du numérique a un impact majeur et que ce sont des sociétés comme Microsoft, Apple ou Google qui ont le plus gros du levier. Je pense que j’ai parlé dans le vide.

Je me demande toujours ce que ces personnes disent de leur travail à leur famille ou amis à la fin de la journée : « Aujourd’hui, j’ai contribué à ce qu’en 2040 on soit encore plus au-dessus des prévisions de courbes de températures ! ». Oui, c’est cela que j’aurai dû lui dire.

📓 Conclusion

C’était une expérience intéressante, où j’ai appris, où on a fait des petits pas, où le combat n’est jamais terminé.

KEEP THE FIGHT!